LE PACTE DE LA MER par Satoshi Kon
Dans le village de pêcheurs d’Amidé, on raconte qu'autrefois, un pacte fut scellé entre un prêtre shintô et une sirène. Ainsi, en échange de la protection d'un œuf, une pêche abondante et une mer clémente assurent la prospérité de la ville. Cette légende s'est répandue et attire médias et promoteurs. Partagé, Yôsuké, benjamin du clan des prêtres shintô, a un étrange pressentiment. Et si la légende était vraie ? Les hommes ne devraient-ils pas redouter la colère de la mer ?
Un pacte avec la nature
Au Japon, le respect inspiré par les éléments naturels rime souvent avec tradition puisque la religion shintô est censée assurer une bonne relation entre la nature et les intérêts humains. Or, depuis les années 1970, un nouveau débat a pris place au sein de la société japonaise : le développement du pays doit-il se faire au détriment de la tradition ? Le Pacte de la mer illustre de façon sobre et pourtant très forte cette tension entre modernité et tradition ; le jeune héros Yôsuké étant le symbole d’une nouvelle génération qui cherche sa place dans ce système où parent et grands-parents s’opposent.
Satoshi Kon réussit à décrire avec justesse l’évolution d’une jeunesse partagée entre modernisation effrénée et respect des mystères de la nature. Un propos finalement très contemporain.
Le Pacte de la mer bénéficie d’une préface d’un « parrain » prestigieux sous la plume de Jean-Pierre Dionnet, co-créateur de la revue Métal Hurlant et de la maison d’édition Les Humanoïdes Associés, producteur, scénariste et journaliste qui a contribué au succès de la bande-dessinée asiatique et du manga en France et qui décrit l’œuvre de Satoshi Kon avec passion :
“ Son œuvre est rare en quantité, mais tout y est facette d’un édifice unique et, en réalité, achevé : il avait la prescience sans doute de sa courte floraison. Une œuvre à fleur de peau de poisson […] miroitant comme de la peau de galuchat : cette peau tannée faite de centaines de miroirs obscurs, comme une onde changeante, inconstante. ”
Une postface ponctue également la fin de l’ouvrage sous la plume de Satoshi Kon lui-même qui raconte avec humour et dérision la naissance de Kaikisen, une autre facette entre-aperçue de cet auteur de talent.
Prépubliée en 1990 sous le nom de Kaikisen par l’éditeur japonais Kodansha dans le magazine Young Magazine, Le Pacte de la mer est la première histoire longue du célèbre Satoshi Kon, mangaka et réalisateur de films d’animation.
Né le 12 octobre 1963 à Hokkaidô, Satoshi Kon est diplômé en graphisme et communication visuelle de l’université des beaux-arts de Musashino. Lors de ses études, il effectue ses débuts de mangaka avec Sculpture, qui paraît en 1985 et reçoit le prix Tetsuya Chiba. En 1990, sa première histoire longue, Le Pacte de la mer (Kaikisen) est prépubliée dans le Young Magazine. La même année, il fait ses premiers pas dans l’animation en travaillant sur les décors du film Roujin Z (basé sur une histoire originale et un scénario de Katsuhiro Ôtomo). En 1997, il réalise Perfect Blue, son premier long-métrage. Ses œuvres suivantes, Millennium Actress, Tokyo Godfathers, Paranoia Agent, Paprika l’établissent au Japon et à l’étranger comme l’un des grands noms de l’animation. Alors qu’il supervise son nouveau film, Yume Miru Kikai (dont il signe le scénario et la réalisation), il décède à l’âge de 46 ans.
Après le recueil Fossiles de Rêves, Le Pacte de la mer rejoint la sous-collection « Science-Fiction» qui se manifeste.
Le Pacte de la mer
Format : 170 x 240 cm
224 pages noir & blanc
15€ TTC
Sens de lecture japonais
Préface : Jean-Pierre Dionnet
Traduction : Aurélien Estager
Date de parution : 13/09/2017