Le chef d’œuvre d’un des maîtres de la Science-Fiction japonaise
Au large des Comores, le spécimen d’un poisson disparu depuis 65 millions d’années est capturé… Une expédition scientifique se monte alors et part étudier le phénomène à l’origine de son apparition : un étrange “trou bleu” dont parlent les autochtones. Tout juste trouvée, cette faille dans l’océan aspire les chercheurs et les entraîne en pleine ère du Crétacé, lorsque la Terre regorgeait de reptiles terrestres et marins. Face aux dinosaures les plus hostiles, la survie devient la priorité, mais les objectifs de certains vont attirer le danger sur le groupe et l’écosystème de ce monde encore pur…
Un voyage fantastique à travers le temps et l’espace
Un trou bleu, également appelé trou marin, est une excavation sous-marine émergée, généralement circulaire, aux parois abruptes. Le nom trou bleu provient du fort contraste entre le bleu foncé des profondeurs et le bleu plus clair des bords du « trou ». Les trous bleus présents sur le globe ont généralement été formés pendant la précédente glaciation (il y a environ 120 000 à 10 000 ans).
Comme tous les phénomènes naturels, ils ont fait l’objet de nombreuses légendes des différentes populations qui les côtoient.
Récit de science-fiction, l’œuvre de Yukinobu Hoshino s’inspire de ces faits réels, ici le trou bleu, comme début de son aventure fictive crédibilisée par les éléments réels. À l’instar de Conan Doyle dans son Monde Perdu, Yukinobu Hoshino imagine que le trou bleu pourrait être une sorte de passage vers un espace-temps différent de celui des personnages, les faisant ainsi remonter à une ère où les dinosaures sont toujours en vie.
Si la survie du groupe est au cœur des préoccupations au début de l’aventure, on a vite la confirmation que cette expédition avait d’autres buts bien plus lucratifs, comme le pillage de cet écosystème vierge pour permettre la survie du monde en permettant à la Terre un retour à une écologie primitive loin de la pollution et des dérives de l’humanité. Avec cette intrigue socio-politico-écologique sous-jacente, Hoshino nous offre un puissant récit d'action et de suspense qui mêle fantastique et réalité tout en proposant un graphisme époustouflant.
Les planches sont extrêmement détaillées et la représentation des dinosaures et autres créatures du crétacé dénote des recherches poussées de l’auteur. Les différents décors et la faune dans lesquels évoluent les personnages permettent une immersion totale dans ce "trou bleu". Rien n’est laissé au hasard tant du point de vue de l’illustration que du comportement des dinosaures (troupeau de triceratops, groupe de dinosaures charognards…).
Le chara-design des personnages, plutôt réaliste, les rend facilement identifiables offrant à chacun une personnalité propre, plutôt tranchée. De la sauvageonne à l’ingénue en passant par le capitaine bourru et le scientifique exalté, le lecteur suit les aventures d’un groupe d’individus aux désirs et ambitions différents qui travaillent cependant (dans un premier temps du moins) dans le même but : retourner dans leur monde d’origine. Les expressions des visages sont maîtrisées et permettent à l’auteur de jouer une palette d’émotions fortes avec aisance sans tomber dans les caricatures.
Au fil des pages, le lecteur s’aventurera aux tréfonds du trou bleu pour en découvrir les mystères en même temps que les personnages avec cette question en toile de fond : parviendront-ils à s’en échapper ?
Yukinobu Hoshino
Né en 1954, à Hokkaidô, Yukinobu Hoshino remporte en 1975 le prix Tezuka avec son one-shot Harukanaru Asa. Fasciné par les théories scientifiques sur le passé et sur le futur du genre humain, il s’illustre dans des œuvres de science-fiction telles que Blue Hole (1991) ou Hoshi o Tsugu Mono (2011, adaptation de l’œuvre de James P. Hogan), pour laquelle il remporte, en 2013, le prix Seiun – prix japonais prestigieux dédié aux œuvres de science-fiction. Il puise également son inspiration dans le folklore japonais et mondial pour sa série au long-court Munakata Kyoju Ikouroku (2004), qui lui vaut le prix d’excellence du Japan Media Arts Festival en 2008, et sa série Yamataika, pour laquelle il est à nouveau récompensé du prix Seiun. En Occident, ses œuvres sont exposées à deux reprises au British Museum : en 2009, ce sont les planches de sa série Munakata Kyoju Ikouroku qui sont à l’honneur. Il dessinera même un chapitre de cette œuvre s’y déroulant. Puis, en 2015, ses travaux sont mis en avant lors de l’exposition “Manga now, three generations”. Yukinobu Hoshino est reconnu comme l’un des piliers de la science-fiction au Japon et figure désormais parmi les auteurs incontournables du genre.
Pika Graphic, une collection pour les passionnés
Blue Hole intègre la nouvelle charte graphique de la collection Pika Graphic initiée en 2020 avec les rééditions de Fossiles de Rêves et du Pacte de la Mer.
Prépublié sous le nom de ブルーホール (Blue Hole en japonais) dans le magazine aujourd’hui disparu Mr Magazine de Kodansha de 1991 à 1992, la série Blue Hole compte 2 tomes au Japon. Elle a déjà été publiée en France chez Casterman.
Notre édition, en 2 tomes, en sens de lecture original, reprendra la couverture de la réédition japonaise de 2012. Un bel écrin pour ce classique de la SF japonaise.
La suite de la série, intitulée Blue World, terminée en 3 tomes et inédite en France, est prévue quant à elle pour 2022 dans la même collection.
Découvrez un extrait du tome 1 :